1799 - La transmission du patrimoine
Joseph ST-LAURENT (père) a 50 ans, quand il procède avec son épouse à la transmission de son patrimoine, le 4 novembre 1799. Ses deux fils, Joseph (fils) et Calixte, ont respectivement 22 et 16 ans.
Cet article porte sur la donation faite à Joseph.
Son fils Joseph a besoin de s’installer (il se mariera en 1800). C’est lui l’aîné des garçons, qui profitera de la donation de terres, mais s’engagera envers ses parents pour leur assurer une rente.
Les parents, quand il leur devient difficile de s’occuper de leur terre, à cause de leur âge, la transmettent. Ils assurent ainsi leurs vieux jours avec la rente associée. C’est en quelque sorte le régime de retraite de l’époque.
Voici ce qui est transmis à Joseph:
La donation
Première partie de la donation
Une terre et habitation de quatre arpents sur 42 de profondeur, sise et située en la Seigneurie des Trois-Pistoles, prenant par devant au fleuve St-Laurent et par derrière au bout de la dite profondeur, bornée au sud-ouest à Maxime Damours et au nord-est à Jean Bte Turcot, avec une maison en bois sus construite, de pièces sur pièces, de trente pieds de longueur sur vingt pieds de largeur ou environ, et avec la grange et autres bâtisses sus construites…
Cela nous donne une bonne idée de la maison où le couple a élevé ses 5 enfants.
Le tout appartient aux parents par concession d’Etienne Rioux depuis plus de trente ans.
Ci-dessous le plan montrant l’emplacement de cette terre:
Deuxième partie de la donation
Un morceau de terre en fief d’un demi arpent de front sur deux lieues de profondeur , situé en la dite paroisse des Trois-Pistoles, prenant par devant au fleuve St-Laurent et allant au bout de la dite profondeur, et enclavé dans une terre appartenant à Jacques Létourneau…
Cette terre leur appartient par échange fait avec Barthélémy Dubé en 1784.
Troisième partie de la donation
Une terre de douze perches de front sur une lieue et demi de profondeur, en fief aussi, prenant par devant au bout de quarante deux arpents à partir du fleuve St-Laurent et par derrière au bout de la dite profondeur, les dites douze perches situées à Trois-Pistoles, bornées au sud-ouest à Jean Damours et au nord-est à Etienne Rioux.
Cette terre leur appartient par succession de Louise Rioux, mère de Joseph.
Les deux dernières terres sont des terres en fief, Joseph a un statut de “co-seigneur”. Il peut donc les concéder et percevoir les cens et rentes attachés. Ces terres disposent également du droit de chasse et de pêche.
Et finalement
Tous les meubles de ménage, animaux ustensiles de culture, argent monnayé, hardes et linges, dettes, hypothèques, billets et droits qu’ils ont ou pourront leur appartenir au jour de leur décès.
Joseph reçoit donc la plupart du patrimoine (excepté les terres qui seront concédées à Calixte), tout ce qui se trouve sur la terre en exploitation. Mais viennent aussi avec les éventuelles dettes et hypothèques.
Les exceptions
Joseph père se réserve sa part d’un tiers dans un moulin à scie, situé au ruisseau de la Grande Maison (le manoir seigneurial???), ainsi que sa chaloupe de dix-sept pieds de quille, et un chaudron d’environ deux seaux.
Nous n’avons pas pour l’instant d’informations sur les détenteurs des autres parts de ce moulin.
Les obligations de Joseph fils envers ses frère et sœur
Envers Tharcile sa soeur
Il devra payer à Marie Tharcile sa soeur, lorsqu’elle sera majeure, les mêmes sommes, ustensiles et effets qu’ont eu ses deux sœurs quand elles se sont mariées (voir les détails).
Tharcile restera à la maison jusqu’à ce qu’elle soit pourvue par mariage, ou autrement, et y sera nourrie et entretenue, et travaillant des ses forces et adresse au profit dudit donataire (Joseph fils).
Envers Calixte son frère
Quand Calixte aura atteint la majorité, Joseph devra lui donner un cheval de trois ans, de l’aider à équarrir, sortir et lever une maison de trente à trente-cinq pieds de long sur vingt de large sur la terre qu’il a présentement, ainsi qu’une grange de trente pieds de long.
Calixte sera obligé de rester à la maison jusqu’à sa majorité, où il sera logé et nourri, et travaillera au profit de son frère, à l’exception de quinze jours chaque été (pour travailler sur sa propre terre). Il continuera à être nourri durant cette période, avec un homme s’il en prend un.
Joseph devra également donner à Calixte 6 livres de vingt sols par an jusqu’à sa majorité, et à ce moment-là, le laisser emporter autant de meubles qu’ont eu ses sœurs en se mariant, et l’aider à gréer une sucrerie.
Les obligations envers ses parents
La rente annuelle
Joseph devra en outre fournir une rente à vie à ses parents, dont voici le détail (à payer annuellement, sauf note contraire):
- 24 minots de blé, converti en farine et amené dans leur grenier
- 1.5 minot de pois
- 1 cent de choux
- 6 minots de patates
- 1 minot de sel
- 1 cent d’oignons
- des herbes fraîches et salées pour leur soupe à leur besoin
- 6 livres de beurre
- 10 saumons salés et du poisson frais lorsque la pêche en prendra
- 1 quarteron de poivre
- 1 cochon gras
- 1 quartier de bœuf ou de bonne vache ou 1 beau mouton au choix
- 10 pots de bon rum et du vin dans leur maladie
- 2 chemises du pais
- 4 paires de souliers sauvages (pour lui) et 3 paires de souliers sauvages (pour elle)
- 1 paire de bas de laine et 1 paire de chausson de laine (chacun)
- 1 habillement d’étoffe du pais pour les jours ouvrables (chacun)
- 1 habillement d’Europe tous les trois ans et 1 paire de souliers français tous les 2 ans (chacun)
- 1 bonnet de drap et 1 chapeau (pour lui) tous les 2 ans
- 1 verge d’indienne, ½ verge de mousseline tous les 2 ans
- mouchoirs au besoin du donateur, mouchoirs de poche et de cou pour elle, avec 1 ½ verge de rubans à son choix
- 24 livres de tabacs à fumer et 1 quarteron de tabac en poudre
- 1 papier d’épingles tous les 2 ans
- de l’huile à brûler à leur besoin et 20 cordes de bois rendu à leur porte, coupé et fendu pour leur poêle et entré dans leur chambre.
- 1 livre de chandelle
Le logement
En outre, le donataire (Joseph) s’oblige de
les loger convenablement, de leur fournir un poêle et ustensiles de ménage qui leur seront nécessaires, de les coucher convenablement, de les blanchir et raccommoder, et faire le ménage quand ils ne pourront plus le faire, les soigner en leur maladie et de leur fournir les médicaments et douceurs nécessaires en tel cas.
Les parents se réservent également
un cheval qui sera pacagé et hiverné par Joseph, et renouvelé en tout cas de besoin, et qui sera attelé et dételé par Joseph, à leur besoin, et en outre se réservent une vache qui sera renouvelée en tout cas de besoin.
Au décès des parents
Advenant le décès du premier mourant
la rente sera diminuée de moitié, à l’exception de l’huile, la chandelle, le bois, le cheval, la vache et le logement.
Et au décès du dernier mourant, elle sera consolidée à perpétuité.
(A leur décès, ils seront)
inhumés convenablement avec un service, et à chacun cinquante basses messes de requiem pour le repos de leurs âmes.
Joseph St-Laurent, père et fils, ne savent pas signer, Reine Côté non plus. Ce sont donc leurs “marques” qui sont au bas de l’acte.
